LE GRAND CHELEM DE JOKER 2
Aux Etats-Unis, c’est à peu près le même topo, le film a ouvert son premier week-end à quasi 40 millions de dollars, alors que les prévisions tablaient sur 70 à 80 millions. 40 millions c’est pas mal si on prend le chiffre comme ça, surtout quand on se rappelle que le budget du premier Joker était de 55 millions de dollars. Sauf que pour cette suite, Warner a aligné la planche à billets, puisqu’il se dit que le film a coûté la coquette somme de 200 millions de dollars, soit le budget d’un gros blockbuster avec des tonnes d’effets spéciaux à produire. D’ailleurs, d’après Variety, si on ajoute les frais de promotion, il faut rajouter 100 millions de dollars supplémentaires, ce qui augmente le budget à 300 millions, c’est énorme. Mais on le sait, ce sont les artistes qui ont fait exploser la tirelire, puisque Joaquin Phoenix a pris 20 millions et Lady Gaga 12 millions. J’imagine que Todd Philipps a aussi pris un joli chèque, mais le montant de son salaire reste méconnu. Dans tous les cas, on est sur des montants importants et compte-tenu du départ catastrophique il y a peu de chances que le film rentre dans ses frais, surtout que le bouche-à-oreille est l’un des pires depuis un moment. Aux Etats-Unis, le film a obtenu la note de D, ce qui en fait le comic book movie le moins bien noté par les spectateurs. C’est inférieur à Madame Web, aux deux Shazam (ces horreurs oui), moins bien que The Marvels ou The Flash, je pense qu’on est dans l’abus et la mauvaise foi caractérisée. Car si Joker Folie à Deux se fait autant ‘review-bomber’, c’est en raison de sa proposition de comédie musicale, qui n’en est pas vraiment une d’ailleurs. Parce qu’encore une fois, le propos est loin d’être inintéressant, bien au contraire.
NOLAN, LE BOSS
Quant à Christopher Nolan, cinéaste le plus en vogue du moment, le nouveau Steven Spielberg pour certains, on apprend que ce dernier a eu le dernier mot quant à la fabrication du premier Joker. Dans un article consacré aux conséquences de l’échec commercial de Joker Folie à deux, le Hollywood Reporter a enquêté de son côté et a même pu interroger pas mal de personnes ayant travaillé sur le film, des personnes qui ont souhaité rester anonymes. Et on a apprend notamment grâce à l’une d’elles que la fin du premier Joker a été modifiée par Christopher Nolan, du temps où il bossait encore pour Warner Bros. et qui s’entendait encore avec eux. Selon le Hollywood Reporter, la première version du scénario avait envisagé qu’Arthur Fleck se taillade le visage devant cette foule venue l’acclamer à la fin du film. Mais Nolan a été contre cette idée dès le départ et a demandé qu’on change cette fin. Pour lui, il n’y a pas que son Joker à lui, joué donc par Heath Ledger qui avait le droit de se mutiler ainsi. C’est assez curieux comme décision parce que jamais dans The Dark Knight, on voit le Joker se taillader le visage. Il porte les cicatrices de cette mutilation et d’ailleurs, il en joue puisqu’à chaque fois, il raconte une histoire différente, histoire de brouiller les pistes sur son sourire de l’ange. Et donc finalement, quelque part, on a une réponse sur cette grande question de The Dark Knight. Le Joker de Heath Ledger s’est réellement tailladé le visage lui-même…
ARTHUR N’EST PAS LE JOKER
Etant donné que Christopher Nolan s’est brouillé avec Warner et qu’il est désormais parti voguer avec Universal (avec lequel il a sorti Oppenheimer), Todd Phillips a pu reprendre le concept qu’il avait imaginé au départ et c’est dans le Joker Folie à Deux que la scène a enfin lieu. J’en avais parlé dans la partie spoiler de ma critique, à la fin du film, Arthur Fleck se fait tuer par un co-détenu de l’asile d’Arkham. Un co-détenu qui a eu le droit à un gros plan à la moitié du film et qui suggérait déjà qu’il allait se passer quelque chose avec lui. Ça n’a pas manqué puisqu’on le voit se taillader le visage et principalement la bouche avec le couteau qu’il a utilisé pour tuer Arthur Fleck. On le voit au bord du cadre, en flou pendant que la caméra se rapproche du cadavre d’Arthur. Todd Phillips a d’ailleurs expliqué cette fin, que la vraie naissance du Joker est inspirée des actions d’Arthur Fleck.
D’après Todd Phillips, “Arthur Fleck a accepté le fait qu’il a toujours été Arthur Fleck. Il n’a jamais été cette chose, cette idée que les gens de Gotham lui ont collé. Fleck est une icône malgré lui. On lui a mis ça sur le dos, et il ne veut plus vivre avec cette fausse personnalité, il veut être qui il est.” Tout le monde se fout d’Arthur Fleck, les gens ne s’intéressent qu’au Joker, notamment Lee, le personnage joué par Lady Gaga. Elle ne l’appelle jamais Arthur dans le film. La seule fois où elle le fait, c’est pour le larguer sur les marches rendues célèbres par le Joker de 2019. Difficile du coup de ne pas imaginer ce que Joker 2 aurait pu être si Christopher Nolan n’avait jamais posé les pieds dans le secteur. Quoi qu’il en soit, Joker 2 est désormais une réalité et malgré son lancement en demi-teinte, il convient de lui laisser sa chance. Qui sait, peut-être que dans quelques semaines les spectateurs lui feront une place dans leur cœur de fans de comics. En attendant, si vous souhaitez vous faire votre propre opinion, n’hésitez pas à vous rendre dans les salles obscures pour voir Joker Folie à Deux, qui sait, peut-être que vous serez agréablement surpris par cette suite. Allez, c’était quand même cool de vous parler de tout ça, non ?